Rêveries d’un enfant de Laguenne ou le Mahabharata guennois

Resumat

Tel un homme de Plutarque, Jean-Pierre Lafond, né en 1941 à Laguenne, est l’enfant d’une cité, d’une identité et surtout d’une langue mairala (maternelle), sésame indispensable des traditions vernaculaires…
Après le cycle secondaire, l’école normale à Tulle, de hautes études universitaires d’anglais et de lettres classiques, il enseigne en collège et en lycée, à la faculté des lettres de Limoges… assume même de lourdes charges administratives au GRETA, mais, attiré par “le sens profond des choses”, il scrute les mythes classiques, les légendiers occitans et celtiques, ce qui le ramène naturellement à un humanisme guennois enraciné et fécond… où l’universel se manifeste dans des lieux inspirés avec des individualités réelles : un esprit “artiste” qui s’incarne dans des personnages pittoresques et des dialogues pris sur le vif, entre le rêve et la nostalgie, le désir et le regret, et toutes les frustrations d’un “voyage au bout de soi-même”.
Ces habitants de Laguenne ou d’alentour, proches voisins mais éternels contestataires en diable des Tulauds (Tullistes), passionnés par l’ancienneté et la prééminence de leur bourg jadis fortifié, sont volontiers mocandiers (moqueurs), frondeurs, impertinents et même insolents, en bref lenga de pelha (“langue de chiffon”, bavards)… et cependant, ô combien hommes de lettres, savants brodeurs de vocables finement élaborés, éloquents dans l’absurde et la bravade, rabelaisiens par les métaphores joyeuses qui les rendent dignes parfois des portraits truculents et vengeurs (et ventrus !) de la comédie antique…
“Le” Jean-Pierre Lafond nous offre ainsi un festival de mots et d’attitudes, dans une évocation de toutes les solidités topiques d’un environnement natif.
Avisatz-la , cette Puput , cette “huppe”, la fille des bois, représentant l’idéal amoureux… Voici encore le centre ombilical de Boubeau, le châtaignier creux, le sorcier, les origines, l’âge d’or… et les terribles traslutz !
Une épopée agreste qui se lit et se relit avec gourmandise, comme on lampa e engula (lampe et avale) le chabròlh !